Julie Stanton et Régis Mathieu

Un poème de Julie Stanton publié dans La Presse du 23 mars 2014

PRINTEMPS Ô PRINTEMPS
 
Quand il s'approche à pas de loup
soudainement odorant sans être vu   
l'espoir pourtant l'espoir
devient une rumeur sur la ville
nimbant d'écarlate ce qui n'a pas encore l'éclat
des soleils qui n'en finissent plus.
 
C'est la démesure de la petite flaque d'eau
le ruisseau les cailloux l'herbe subversive
c'est ce qui s'en vient qui s'était en allé
avalé par des kilomètres de neige.      
 
À grandes foulées hors les murs. 
nous vacillons sous l'étonnante vague.
 
Ça remonte dans la gorge
avec la ferveur fulgurante
de la sève qui naît qui renaît qui réchauffe 
c'est d'or et d'eau douce c'est d'allégresse  
depuis la préhistoire les perditions
la mort inexcusable.
 
Une percée de mauve est là
comme le jour où l'on croyait éternels
la Terre en liesse l'humus les banquises
mauve fragile d'où jaillissent des rêves fous
à l'idée d'un champ de blé sous le macadam.   
 
Un frêne héroïque s'élance vers le ciel
dans l'impitoyable lumière de l'envoûtement
Anne ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ?
 
Printemps ô printemps
nous ouvrons les bras à ta brûlure
le désir ne suffit pas viens oh ! viens
combler notre nostalgie bienheureuse.
 
Enfin l'absolue cruauté
de la morsure du froid du froid    
pourra se dissoudre au nord de ton décor
les crocus les lilas le muguet advenir excessivement
jusqu'à la lente beauté des fleurs tardives.  
 
Journaliste indépendante, poète et romancière, Julie Stanton a publié une douzaine de titres dont Requiem pour rêves assassinés : Hommage à Pablo Neruda, finaliste, en 2005, du Prix Alain-Grandbois de l'Académie des lettres du Québec.

Carnets de l'Isle-aux-Grues


Prix du Patrimoine 2011 des régions de la Capitale-Nationale et de la Cahaudière-Appalaches: lauréat de la MRC de Montmagny dans la catégorie interprétaion et diffusion.
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Là-bas l'Isle-aux-Grues


 Là-bas l'Isle-aux-Grues est une réédition du recueil paru 2001 et qui a connu un fort succès. Yvon Paré a écrit à son sujet, dans Lettres québécoises (2001): "Une poésie charnelle, des textes comme des envols qui reviennent vers soi toutes ailes tendues. Une reflexion, une médiation et surtout un regard tendre sur un bout de terre qui fait germer la poésie. Julie Stanton donne envie de la suivre, de marcher vers l'église au toit rouge, un livre à la main, tout en se laissant imbiber par des odeurs du fleuve et la poussée des saisons. (... ) Un livre? Bien plus. Un refuge dans un monde de cris et de folies sanglantes."